Publié le 28/11/2014
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Catégorie : Réflexions équestres

Réflexions équestres Une équitation sans-mors, c’est possible ?

L’équitation sans-mors est arrivée de plein fouet en France afin d’ébranler nos dogmes équestres solidement construits depuis des siècles. L’équitation en France est vue comme un sport précieux, un art et gare à celui qui osera remettre en doute certains codes confortablement établis.

Tantôt pointée du doigt comme une mode, bien heureusement, certains cavaliers en font leur éthique !

Promis, je ne partirai pas dans les débats stériles et incessants sur le mors, qui ne ferait que brasser de l’air, et braquer un bon nombre de personnes,ça n’est pas le but !

En revanche, je veux bien tenter d’essayer de vous faire partager une autre vision équestre… et les diverses expériences de mon entourage ainsi que les miennes, en énumérant les bons côtés et les joies du sans-mors, sans tenter de froisser quiconque.

Un bon et réel travail sans-mors, est-ce possible? 

Un bon travail sans-mors est tout à fait possible, l’outil ne fait pas le cavalier.

Le cavalier qui travaillera sans-mors sera dans l’obligation d’être attentif aux petits détails, sous peine de ne pas avoir le résultat escompté ; 

Le mors peut obstruer des subtilités, de si petits éléments qui ont leur importance mais aussi leur conséquence, et que notre attention ne retenait aucunement.

C’est pourquoi certains cavaliers se retrouvent avec le « nez » dans l’eau, désarmés, et incapables de communiquer sans un mors dans la bouche de leur chevaux.

Lorsque mon professeur d’équitation m’a fait connaître l’équitation centrée, cela a été une révélation. Je n’étais pas seulement et bêtement en train de monter mon cheval sans-mors, mais j’étais surtout en train d’échanger une multitude de choses inexplicables avec mon cheval. Je communiquais autrement, en toute simplicité.

Petit à petit j’ai compris là où mon professeur souhaitait m’emmener. Il ne suffit pas seulement de monter sans-mors, il suffit aussi de comprendre où cela nous mène et ce que cela peut développer dans notre relation homme/cheval.

De ce fait, nous prenons conscience que la position que nous avons à cheval, ou à côté du cheval influence la leur.

Le travail sans embouchure pourrait être laborieux, seul, il peut être tout à fait possible que les résultats soient durs à obtenir dans un premier temps… mais si l’on a confiance en ce que nous demandons, et que l’on sait où nous allons (et surtout pourquoi) il n’y a aucune contrainte à obtenir ce que nous cherchions : un travail juste.

Le sans-mors n’est pas un miracle.

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Jastero & Bernard Chéru – Photo : © Gérard Vignot & Delphine Doudoue. Jastero et Bernard évoluaient en bride depuis de nombreuses années, une ré-éducation, pas des plus simples, a du être nécessaire pour eux-deux.

Je lis souvent sur les réseaux sociaux des personnes déçues du travail sans-mors, car ce n’était pas à quoi elles s’attendaient. Des chevaux qui « embarquent » qui ont la tête en l’air, qui n’exécutent pas aussi bien qu’ils le feraient avec un mors, qu’il y a un trop gros travail, pour arriver à si peu de bons résultats, etc.

Les cavaliers s’attendent à un miracle, un side-pull magique qui leur apporterait un relationnel digne de la série Grand-Galop, une ligne de dos bien tendue, de superbes extensions d’encolures, un placé légendaire… Déçus de ne pas avoir ce résultat après avoir enfilé sur la tête de leur chevaux une ennasure, ils préfèrent remettre le mors, pour obtenir plus facilement le résultat tant attendu.

Dommage !

Dommage, parce que le travail se paie, la relation se gagne, et la patience est une vertu à la fois rare, mais très utile.

Avec certains chevaux, les résultats seront immédiats, et avec d’autres cela prendra du temps. Il n’y a pas que l’influence équine qui joue en la faveur du sans-mors, mais également l’influence humaine. Si les demandes sont claires, les réponses le seront aussi.

A lire aussi : du mors à la cordelette en toute sécurité

Je « sentimentalise » un peu la monte sans-mors, car lorsque j’écris sur celle-ci, je ressens ce que cela m’a apporté avec les chevaux. Je la ressens car je la comprends.

Je comprends où elle me mène, et où elle peut mener les chevaux…

Comme je le disais plus haut, il y a l’action matérialiste qui est le sans-mors au premier degré et l’éthique qui façonne, voire qui consolide l’outil utilisé. L’un sans l’autre ne peut pas fonctionner convenablement, à mes yeux.

Les cavaliers découvriront des sens perdus qu’ils devront utiliser pour espérer toucher du doigt une équitation sans-mors plaisante et juste. La position du cavalier sera primordiale, peu de cavaliers ont une position convenable, lorsque l’on monte en mors, cette équitation n’influence pas les demandes peu compréhensibles du cavalier, le cheval avance, tourne, exécute. Or, lorsque l’on monte sans mors, la position est essentielle, si les « clés » -regard-position-demande claire – ne sont pas respectées il y a peu de chance que le cheval veuille bien écouter ce qu’on leur propose, par exemple. C’est pourquoi l’équitation sans-mors est vite abandonnée ou trouvée trop « simpliste » et inconcevable pour un travail sérieux dans le bon sens. Il n’est pas anodin d’entendre : « Ca ne convient pas à mon cheval », « Mon cheval ne comprend pas », « Le sans-mors est instable, et dangereux », etc.

Cavalier comme cheval ont besoin d’un temps d’adaptation, mais pas que. Ils ont besoin de se redécouvrir l’un l’autre, et de se faire réellement confiance. Il est évident que l’équitation qui se pratique sans mors, et sans autres outils coercitifs, mène à une autre relation entre l’homme et le cheval.

Image principale : Emeline et Tatoo, Etalon frison qui n’a jamais connu le mors.

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Commentaires publiés

6 commentaires.

  • Je suis montée quelques fois en licol plat et j’ai vraiment beaucoup apprécié ! J’attends maintenant d’avoir un side-pull pour aller plus loin et commencer le « véritable travail » comme ça : j’ai en effet toujours peur de faire mal au cheval avec un licol plat vu que ce n’est pas prévu pour ^^

  • Merci pour ce bel article positif qui valorise la monte sans-mors et qui met l’accent sur les bonnes choses qu’elle apporte ! 🙂

  • Bonjour,
    Merci pour cet article. Je ne suis pas une cavalière expérimentée, mais j’ai toujours monté et été au contact des chevaux. Et je m’intéresse beaucoup à cette monte sans mors, qui pour moi me paraît beaucoup plus saine. J’aurais donc une question. Est-ce que les demandes se font du coup principalement au contact des rênes sur l’encolure et du coup avec beaucoup de travail et subtilité au niveau des jambes? Je suis montée une fois en sellerie équestre sans mors, du coup j’imagine que cela se rapproche beaucoup de ce genre d’équitation?

    D’avance merci pour vos conseils.
    Carine

  • Bonjour !
    Les jambes sont en effet très utiles, mais pas que : le dos, les fasses, le regard, la voix, le poids du corps… Tout notre corps nous sert à communiquer et diriger, comme dans l’équitation avec mors d’ailleurs ! 🙂 Le cavalier se doit de faire le moins de mouvements parasites possible afin d’envoyer des instructions claires au cheval. C’est seulement parce qu’il est habitué à être monté de manière fine, qu’il pourra réagir de manière fine ! Quand le cavalier gigote sans cesse à cheval (volontairement ou non !) et est imprécis dans ses aides, le cheval ne peut pas répondre finement car les instructions ne lui paraissent pas claires. S’essayer au sans mors permet de faire le point sur tout cela ! A condition d’y aller doucement et de toujours privilégier la sécurité bien sûr, j’ai d’ailleurs écrit un article sur la transition de l’équitation en mors à l’équitation en cordelette si jamais ça vous intéresse, j’y explique toutes les étapes par lesquelles je suis passée 🙂

    Par contre attention, l’équitation sans-mors n’est pas forcément la plus douce… Si c’est pour rester accroché au licol / side-pull ça ne sert à rien, pire encore si c’est pour tirer sur la cordelette : au final on étrangle le cheval plus qu’autre chose… Il faut y aller en douceur, et ne pas hésiter à revenir à quelque chose de plus sécurisé pendant quelques temps si nécessaire 🙂

  • Bonjour,
    Où puis je trouver l’article sur la transition en mors et l’équitation en cordelette ?
    D’avance merci

  • Bonjour !
    Voici le lien de l’article en question : « Du mors à la cordelette, passer au sans-mors en toute sécurité » ! Bonne lecture 🙂

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