Le Syndrome Métabolique Equin ou Equine Metabolic Syndrom (SME ou EMS) est une entité que l’on peut rapprocher du diabète de type II chez l’homme.
C’est une maladie issue d’un dysfonctionnement endocrinien qui provoque notamment chez les chevaux des fourbures chroniques. Le SME n’est pas une maladie à part entière. C’est plutôt un nom posé sur un ensemble de signes cliniques issus de problèmes métaboliques.
Découverte assez récente, cette mise en évidence permet aujourd’hui de mieux comprendre les origines de l’un des principaux problèmes du cheval : la fourbure.
Généralités sur le Syndrome Métabolique Equin
Importance de la maladie
A la base du syndrome métabolique, on retrouve le surpoids chez le cheval. En effet, l’obésité serait le facteur déclencheur de tous ces mécanismes. On considère actuellement que entre 20 et 40% des chevaux sont “obèses” bien que les limites soient un peu floues.
Il est difficile en revanche d’estimer le nombre de chevaux atteints en France. En effet, de nombreux chevaux ne sont pas diagnostiqués. Et comme l’émergence de cette “découverte” est assez récente, peu de vétérinaires effectuent les tests nécessaires. Ces derniers ne permettent d’ailleurs pas toujours de confirmer la maladie.
Le SME n’est pas une condamnation. Elle permet de mettre un mot sur un ensemble de signes, et de trouver la meilleure solution possible.
Un diagnostic précoce et un traitement adapté permettent de diminuer les conséquences et les risques pour le cheval.
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L’origine du Syndrome Métabolique Equin réside en fait dans le mécanisme de l’insulino-résistance.
Pour expliquer rapidement : l’insuline est une hormone dite “hypoglycémiante”. C’est elle qui régule la quantité de glucose dans le sang. Lorsque la glycémie sanguine est trop élevée, le pancréas sécrète de l’insuline. Ce dernier, en agissant sur les cellules de l’organisme, va favoriser le stockage du glucose dans les cellules. De ce fait, la quantité de glucose dans le sang sera limitée.
En réalité, ce système fonctionne en équilibre afin que la glycémie soit toujours plus ou moins stable.
L’insulino-resistance est le mécanisme typique précurseur du diabète de type 2. Le pancréas continue de sécréter de l’insuline, or, les cellules de l’organisme deviennent partiellement ou complètement insensibles à l’insuline. Celle-ci ne peut donc plus exercer son rôle de régulateur de la glycémie.
En réalité, on n’observe pas pour autant une augmentation constante du taux de glucose dans le sang. Mais plutôt des pics, que l’on appelle chez l’homme “crise d’hyperglycémie”. En effet, en cas d’ingestion importante de glucose, l’organisme n’est pas capable de le stocker pour éviter que celui-ci ne reste dans le sang.
Malheureusement, puisque la glycémie n’est pas régulée, le corps commande au pancréas la sécrétion de davantage d’insuline. On a alors une hyperinsulinémie.
L’origine de l’insulino-résistance est pour le moment assez peu connue, mais une obésité chronique est un élément déclencheur. Le mécanisme exact par lequel l’obésité conduirait à une insensibilisation des cellules doit encore être élucidé. Une combinaison de molécules sécrétées par le tissu adipeux serait en cause.
Il faut voir le Syndrome Métabolique Equin comme une ensemble de causes-conséquences :
Conséquences du Syndrome Métabolique Equin
Signes cliniques du cheval SME
Le SME présente des similarités cliniques avec le Syndrome de Cushing. Ce sont toutefois bien deux maladies différentes, dont la gestion sera spécifique à chacune. Chez les chevaux atteints de SME, on notera par exemple une mue tout à fait normale.
Certains signes nous permettent de suspecter un syndrome métabolique :
Obésité chronique et difficulté à perdre du poids ;
Dépôt de graisse régionalisés, notamment au niveau du chignon, du passage de sangle ou des épaules ;
Fourbure chronique de cause “inconnue” (pas de report d’appui ni de cause infectieuse connue).
La fourbure est la principale conséquence du SME. On estime que 60% des fourbures chez les chevaux seraient dues à un SME. Certaines études montrent que le risque de fourbure est accrue si le taux d’insuline de base est supérieur à 32µUI/mL (pour un taux “maximum” chez les chevaux sains de 20 µUI/mL).
On observe évidemment une saisonnalité des signes cliniques, coïncidant avec la saison de pâture, où l’herbe est riche.
Prédispositions au SME
Bien qu’on ne connaisse pas réellement l’origine de tous ces mécanismes, il semble que certains facteurs prédisposent nos chevaux à l’insulino-résistance :
L’âge : Les chevaux les plus touchés sont adultes et ont en général entre 5 et 15 ans. C’est une des principales différences avec le syndrome de Cushing qui a tendance à toucher les chevaux de plus de 15 ans ;
La race : bien que tous les chevaux puissent être touchés, il semble que (pour une fois!) les chevaux de sang soit un peu moins prédisposés que les poneys et chevaux de selle. Ceci tient au fait que les chevaux près du sang ont souvent moins tendance à l’obésité que les poneys. Certains races sont donc plus touchées, telles que le Welsh, le Haflinger, le Shetland, le Fjord… Des recherches ont notamment montré que les poneys, mais aussi les chevaux andalous, ont de base une sensibilité plus basse à l’insuline. C’est en effet fréquent chez les races un peu “rustiques” dont le métabolisme est fait pour supporter des conditions de vie plus difficiles, et qui métabolise donc mieux que d’autres l’aliment ingéré.
Les conditions de vie : d’une manière générale, toutes les conditions de vie qui favorisent l’obésité sont prédisposantes au SME. Cela concerne donc les chevaux qui font peu d’exercices, qui sont sur-nourris, ou qui pâturent à l’année sur des prés riches.
Diagnostic du cheval SME
Le diagnostic de SME est loin d’être évident.
Diagnostic clinique
En effet, le plus simple reste un diagnostic clinique. Or tout l’intérêt du diagnostic est de réaliser une détection précoce du syndrome. On pourrait donc débuter l’investigation du SME après un épisode de fourbure, mais cela serait alors “trop tard” puisque le but reste bien de prévenir ces épisodes de fourbures et que le risque est plus difficile à maîtriser une fois qu’un épisode est déclaré.
Cliniquement, il convient donc d’abord d’apprécier l’état d’obésité du cheval, non pas en mesurant son poids, mais plutôt ou lui donnant une note d’état corporel sur 5 ou sur 9. Les chevaux possédant une note supérieure à 4/5 ou 7/9 sont les plus à risque de développer un syndrome métabolique.
La paroi des sabots doit également être examinée attentivement, permettant ainsi de mettre en évidence le moindre signe de fourbure débutante ou passée.
Sur les chevaux qui semblent “à risque” (les chevaux obèses, de race prédisposée…), il est possible de réaliser des tests cliniques permettant de plus ou moins confirmer cette hypothèse de SME.
La mesure de l’insulinémie n’est pas toujours très fiable car certains chevaux ne présentent pas nécessairement d’hyperinsulinémie. Il est donc plus intéressant de réaliser des tests dynamiques avec stimulation de la réponse de l’organisme.
Test de réponse au glucose
L’un des principaux test utilisé est le test de réponse au glucose : il permet de mettre en évidence l’insulino-résistance mais ne confirme pas réellement le SME
Le but est de mesurer le taux d’insuline et de glucose dans le sang avant et après la prise orale ou par voie intraveineuse de glucose, et de comparer ces deux taux.
Etant donné la similarité clinique entre cette maladie et le Syndrome de Cushing, il peut également être intéressant d’effectuer un dosage de l’ACTH.
Gestion des chevaux atteints du Syndrome métabolique équin
Equilibre alimentaire
La principale mesure à mettre en place face à un cheval atteint de SME est l’adaptation de la prise alimentaire. Il est conseillé de limiter les apports trop importants d’énergie, et notamment de sucres.
Pour ces chevaux, il est préférable d’éviter de leur laisser un libre accès à la pâture, l’herbe étant trop riche notamment en automne et au printemps.
Evitez également de donner accès à la pâture seulement quelques heures par jour, car les chevaux ont alors tendance à se goinfrer, ce qui n’est pas mieux. Optez plutôt pour un petit paddock, ou interdisez complètement l’accès pendant les périodes les plus à risque.
Il est également contre-indiqué de donner des aliments concentrés à base de céréales ou de mélasse ou pulpe de betterave, qui sont trop riches en sucres.
Activité physique
La meilleure solution pour éviter l’obésité chez le cheval et stimuler son métabolisme du glucose et sa sensibilité à l’insuline reste la pratique régulière d’un exercice physique.
Reprenez une activité physique uniquement sur les chevaux sur lesquels il n’y a pas de contre-indications (pas de boiterie, fourbure, myosites…). Et bien sûr, toujours de manière progressive. Les chevaux obèses ont besoin de commencer tranquillement et sont souvent intolérants à un exercice trop intense.
Traitement médical du SME
Il est possible de proposer un traitement à la Metformine. Cette molécule favorise la sensibilité des cellules à l’insuline et diminue l’absorption du glucose.
Ce médicament doit être donné entre 30 et 60 min avant le repas pour fonctionner au mieux. Il est idéal pour les chevaux ne pouvant suivre un régime ou une activité physique suffisante.
D’autres traitements, plus coûteux, comme les hormones thyroïdiennes peuvent également stimuler la perte de poids.
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Vétérinaire de métier, j'adore décrypter et expliquer les maladies du cheval et ses conséquences, et partager les astuces pour entretenir au mieux son cheval.
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